Pourquoi les Japonais appellent la France “O-France” ?
Quand les Japonais veulent ajouter de la politesse ou de l’élégance à certains mots, ils y ajoutent “o” comme épithète. Si vous dites “o sushi”, sans le savoir, vous mettez en valeur ce plat traditionnel. Mais ce n’est pas le cas pour tous les mots. On ne dit pas “o tempura”. Peut-être est-ce parce que le beignet nippon est d’origine portugaise ? C’est vrai qu’on ne dit jamais “o macaron”. Je n’ai pas la réponse à cette question. Bref, la langue japonaise est parfois inexplicable.
Ceci dit, la France mérite cet honneur d’avoir un “o”. Quand on dit “O-France” (on prononce “O-Furansu”), on a une belle image de sa capitale, peut-être des Champs-Élysées impeccables avec la Tour Eiffel en arrière-plan ou le château de Versailles. Et une fois en France, les Japonais se demandent pourquoi la rue n’est pas propre alors qu’il y a autant de poubelles dans la rue. Paris est une très belle ville. Mais j’ai l’impression que l’on n’a pas encore trouvé un bon adjectif pour décrire cette beauté parisienne.
Découvrir un pays hors des clichés
L’apposition du “o” empêche-t-elle le pays de la baguette de donner sa vraie image aux touristes japonais ? Peut-être que oui. Mais ce n’est pas très grave : au moins les Japonais adorent la France et vice versa. Cela fera seulement 150 ans en 2018 que nous échangeons. Le chemin est encore long pour se comprendre parfaitement.
Pour le moment, sachez qu’au pays du Soleil-Levant l’amour de la France est déjà tellement fort que vous trouverez des mots français partout dans la rue : ignorez s’il vous plaît certaines fautes et usages parfois un peu bizarres… La baguette s’appelle “France pain” en japonais. Grâce aux mots anglais, les frites s’appellent “French furaï (French Fries comme en anglais). Et “French kiss” veut dire “baiser” car la France est le pays de l’amour pour les Japonais.
Environ 10 000 km sépare les deux pays. En tant que guide au Japon, j’ai vu beaucoup de touristes français admirer la culture japonaise et raconter leur passion pour mon pays natal. Pendant leur voyage, ils découvrent un Japon loin des clichés et apprennent, par exemple, que le sushi ne représente pas forcément la cuisine japonaise, qui est en réalité très variée.
Par ailleurs, je sais qu’il y a tout autant de Japonais qui adorent la France et la fréquentent malgré la distance. Après leur séjour en France, ils n’auront peut-être plus besoin de mettre un “o” désormais, car elle leur sera devenue plus proche, plus intime et moins idéalisée. Ce séjour aura été l’occasion pour eux de découvrir que la France est en en fait très diverse. Pour preuve, il suffit de regarder la variété de ses fromages.